L'Oeuvre du temps (Poésies)
- ghislainhammer
- 25 sept.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 sept.

Recueil de poésie de la naturité de Ghislain Hammer, ce regroupement de textes en vers classiques raconte l'histoire du temps enfouie dans chaque individu, un voyage qui questionne l'être ancré dans une société déviante.
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LA CONSTRUCTION D’UN FLEUVE
Longeant les lacets verts du cours adolescent
Dont les tumultes forts décrivent le voyage,
Je me revois dessus, tel un bois bourgeonnant
Sans cesse chahuté par les tourments de l’âge.
Des gravières, ces ports, aux chutes des amours,
Ça, flottant comme un prince, et là, buvant la tasse,
Mes quinze ans ont été un haletant parcours
Pouvant sous quelques soirs vite gagner en masse.
Ô jeunesse battante ! Âges les plus précieux !
Âges des intérieurs ! Âges des amplitudes !
Qu’il fait bon se revoir vivant et peu soucieux,
Emporté sur des eaux pleines d’incertitudes…
Qu’il fait bon retrouver l’ivresse de ses crus :
Celle des premiers cœurs, des premières usures ;
Celle des premiers chocs contre les rochers nus ;
Celle des liaisons, et celle des ruptures.
Ô jeunesse moussante ! Âges troubles et vifs !
Que la piqûre est bonne à ces eaux qui serpentent,
Quand plutôt que penser aux saules et aux ifs,
Mon esprit élevait en lui une charpente.
Que j’aime à revenir en ces temps bâtisseurs,
Marchant sur le halage alme de la mémoire,
Pour revivre un moment les chaos et douceurs
D’un homme en construction lancé dans son Histoire.
CAMPAGNE VICTORIEUSE
Si j’entrais au Palais, sale et empuanti,
Du pays accroché à mes grosses semelles,
De la sueur au front jusque sous les aisselles,
Un âne sous le bras, intègrement bâti…
Si je montais le voir dans ses appartements,
Exhalant le terroir meurtri de nos cambrousses,
Tirant Monsieur Baudet, chargé de feuilles rousses :
De plaintes, de grands sacs de cris de paysans
Abandonnés et seuls au milieu de leurs champs ;
Si je les lui tendais, tous ces appels à l’aide,
Tous ces gémissements, ce monde qui décède ;
Si je les lui jetais à ses souliers brillants !
Si je repartais, fier, la main sur mon ami,
Je lui dirais de dos « je regagne ma terre,
Monsieur le président, j’ai tellement à faire,
Et Baudet, savez-vous, ne se plaît pas ici. »
LITHA
La secte
Pieds nus dans l’herbe haute et fraîche du couchant,
Dans un long thésaurus aux phonèmes étranges,
Une fraternité psalmodiait des louanges
Autour d’un feu gaillard, transcendée par son chant
A l’ardeur invasive.
En cercle et bras levés sous les cieux consumés,
L’Ordre semblait vouloir planer comme un seul ange
Dessus le saint-frusquin de la campagne orange,
Tels montent les esprits des êtres asséchés.
Ô les flammes boiseuses !
Aux portes du solstice et du Minuit tonnant,
Le Monde Floréal, la concorde solaire,
Dorénavant muet, les yeux pleins de lumière,
Humait l’air du clocher de leur cœur s’entr’ouvrant
Aux étoiles massives.
Désormais main dans main dans un silence hanté,
Au porche de l’été blond du naissant horaire,
Les mages réunis contemplaient leur parterre
D’herbes magiques, là, posées à chaque pied,
Autant d’offrandes pieuses.
LE TONNEAU DANSEUR
Que j’aime à me tenir debout dans le tonneau
En chêne de la vie,
Agrippant d’une main le feuillard du cerceau,
L’autre tournant dans l’eau diaphane et bénie.
Ah que l’extase est haute à se plonger entier
Dans sa douce folie,
À boire pleinement son alcool – timonier !
Le boire jusqu’au jable et en laper la lie…
Entre, ma tendre Amour, entre dans l’œil de bœuf
Que Sélène pénètre ;
Rejoins-moi dans le fût, ici, tout reste neuf,
Et tournons, et dansons, unis, comme un seul être !
Joins mes épaules, prends, les hanches je te tiens ;
Soignons la mise en rose ;
Et dansons et tournons, et puis, chauffons nos mains,
Et stockons dans nos yeux cette enivrante osmose.
DEMAIN NOUS APPARTIENT
Dans l’enfonçure du vieux chêne
Où seul son logeur nous épiait,
Pour toi, j’ai glissé une chaine
Et un petit bout de papier.
Souris, pars à leur découverte !
Qui sait se cache non loin d’eux,
Très mauvaisement recouverte,
Une annonce, si tu la veux.
Souris, va voir sous le houppier
Qui nous a consacré l’un l’autre ;
Souris ! ô pars à clochepied !...
En faisant attention sur place
À ne pas tomber dans le trou
Où ton vieux mari se prélasse.
LA VIE SUSPENDUE
Dans le vaste fatras des rêves architectes,
Je n’ai cessé pour vous d’élever un viaduc
Pour que du tablier Terre et Ciel se connectent
Tel qu’autour d’un présent se dessine un bolduc.
J’ai tracé dans les nuits des plans si esthétiques,
Des ponts époustouflants dont l’un verra le jour ;
Tous assez résistants et tous très élastiques
Pour supporter ce poids que l’on nomme l’Amour.
Quand là-haut nous irons ainsi qu’entre deux mondes,
Quand nous y flânerons, quand nous y danserons,
Quand de ce nirvana s’élanceront des ondes
Riches, sauvagement, là, quand nos cœurs profonds
Et à la fois ailés auront gonflé leurs voiles,
Nous nous épuiserons à compter les étoiles.
ASIN : B0CQKGZJ7D
Éditeur : Independently published
Date de publication : 16 décembre 2023
Langue : Français
Nombre de pages de l'édition imprimée : 104 pages
ISBN-13 : 979-8872047407
Poids de l'article : 268 g
Dimensions : 18.9 x 0.61 x 24.61 cm
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